L'inconnu

Ce n'est pas les rumeurs qui manquaient dans la polyvalente de la ville où se déroule la prochaine histoire. Des rumeurs sur les profs, les coaches, les amoureux, les supposés homosexuels et les presques avérés tricheurs aux examens, fumeurs de joints, prostituée...
Qui a couché avec qui ? Si l'on croit ces rumeurs, tous avec tous. Qui a trompé qui ? La plupart des garçons et quelques pétasses.
Des rumeurs de tous les genres, par centaines si ce n'est pas par milliers.
Mais des rumeurs, même si elles étaient en grands nombres, il n'y en avait que majoritairement sur Samuel Chartier.
Samuel Chartier. Que dire de lui ? Cela dépendait de la rumeur que vous entendiez.
On disait qu'il vendait son corps (majoritairement son derrière et sa bouche, si vous voyez ce que je veux dire) à des inconnus dans les toilettes du centre d'achats. Pourquoi ? Encore là, cela dépendait de la version : pour s'acheter des joints, des champignons, de la coke, des filles, des billets de concert... ou simplement pour le plaisir. On disait qu'il faisait parfois chanter ses clients, coupables d'adultère. Et de pédophilie. Et d'abus sexuels sur mineurs. Mais tout ça, ce n'est que si vous croyez à cette première rumeur.
Il y avait également des rumeurs sur son orientation sexuelle, la couleur de ses cheveux, son âge, ses notes scolaires, sa famille (séparée, veuf, veuve, monoparentale, mère ou soeur prostituée, frère ou père dealer, etc.). Tout à son sujet était source de rumeurs. Pourquoi ?
Parce que Samuel Chartier était un inconnu.
Inconnu par tous.
Les gens ne pouvaient s'entendre que sur quelques faits :
Chaque matin, Samuel Chartier prenait l'autobus 609 pour se rendre à la polyvalente. Le soir, il revenait à pied, mais personne ne savait où.
Il changeait de vêtements, mais c'était toujours du pareil au même : un coton ouaté noir, des jeans noirs, le capuchon rabattu sur une tuque noir qu'il semblait porter même en été, des gants rayés noirs et blanc dont les bouts étaient coupés et laissaient voir des bouts de doigts très pâles (ses gants qui, selon les rumeurs, étaient pour cacher ses traces de piqûre ou ses bleus d'enfant battu, choisissez ce que vous préférez). Ses souliers étaient de grands running shoes noires également. Il ne mangeait jamais à la cafétéria de l'école, ne faisait jamais de travaux d'équipe, s'asseyait toujours à la dernière place dans le coin gauche de la classe. Personne n'avait jamais vu plus que le bout de son nez et ses lèvres (muettes). Il était très grand, environ 6 pieds 2.
C'était pratiquement tout ce qu'on savait de lui. D'où les rumeurs qui remplissaient les trous...

Ce matin-là, suivant les faits, il embarqua à 8hrs tappantes dans l'autobus 609, direction la polyvalente, habillé comme tous les matins.

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C'était quoi son nom déjà ? Personne n'en savait rien. On la surnommait Mymy. Mais c'était, semble-t-il, très loin de son véritable nom.
Son nom, personne n'avait besoin de le savoir. Dès qu'elle mit le pied dans l'autobus, tout le monde su qu'elle ferait sensation. Vous savez, dans ce genre de polyvalente, où les rumeurs vont bon train, les filles au corps de mannequin sont repérées dès la première fois qu'ils posent les pieds dans l'école. Si l'on fini par apprendre que ce sont des fausses blondes connes qui ont un penchant pour le sexe sous toutes ses formes, les gars n'en sont que plus ravis. Si, au contraire, la demoiselle est tout ce qu'il y a de plus normale, elle se fait coller aux basques pendant la première semaine puis une fois que tout les gars se sont faire revirer de bord assez sec, on se désintéresse d'elle.
Mymy est plutôt le deuxième type de personne. Celle qui va vers les autres pour se faire des amis, mais qui recherche d'avantage les bonnes personnes que les populaires sans importance. Ce qui l'intéresse ? Le bonheur, tout simplement. La popularité, on s'en fiche.
Et puis, elle sait déjà d'avance qu'elle vaut mieux qu'elles. Elle au moins, c'est une vraie blonde ! M'ouais, pas très important comme détail, cela dit.
Comme de fait, dès son entrée dans l'autobus, elle fut mise au courant des rumeurs, bien malgré elle. On aurait dit que les gens se bousculaient pour tout lui raconter sur un garçon en particulier. Au début bien désintéressée, elle commença par la suite à porter une oreille plus attentive à tout ce bavardage. C'est que, on a beau dire ce qu'on veut, les gars mystérieux, ça attire tout le monde. Ou en tout cas, tout le monde NORMAL. Qui ne voudrait pas en découvrir plus, hein ?

Elle s'installa dans le dernier banc au fond, après qu'un gars se soit tassé pour lui laisser la place libre. Charmant. Mais encore une fois, elle portait peu d'attention à toute cette... attention qu'on lui accordait. Elle eut tout juste le temps de mettre les écouteurs de son iPod dans ses oreilles qu'une petite tape sur son genou lui fit lever les yeux. On lui pointait quelqu'un... AH. LE garçon. CE garçon. Tiens tiens... Look mystérieux, attitude mystérieuse... C'était, disons le franchement, comme une nouvelle proie pour notre mademoiselle. Parce que oui, c'est plus fort qu'elle, elle essaye tout le temps d'éclaircir les choses étranges à propos des gens. Elle aime être celle qui parvint à les faire craquer et avouer des trucs.

Son regard rivé sur le jeune homme, elle attendait tranquillement le bon moment. Et elle savait être patiente. Le chasseur guettait sa proie.

Quand le bus s'immobilisa, il en sortit, tout simplement. Dès son départ, les commérages reprirent de plus bel, s'acharnant sur tout : sa démarche décontractée, ses vêtements toujours du même style, son empressement à sortir de la bus...
Samuel, lui, n'allait qu'à sa case, prendre les quelques affaires qu'il lui fallait pour la matinée.

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Dès qu'elle descendit du bus, on s'empressa de venir lui proposer de l'aide, offres qu'elle déclina en douceur. Elle replaça un peu sa tuque noire rayée rose, de laquelle dépassait à l'avant sa frange blonde, et ses cheveux longs qui en sortaient derrière, et rentra dans l'école d'un pas déterminé. Elle trouva sans mal les casiers, et chercha ensuite le sien. Tout en marchant, elle feignis de ne pas avoir remarqué Samuel, et lui fonça un tout petit peu dedans, s'empressant de s'excuser, alors qu'au fond, elle observait discrètement, mais avec attention, sa réaction. Elle devait en savoir plus, voir comment il réagissait à telle ou telle chose. Ça lui faciliterait la tâche.
Elle poursuivit ensuite son chemin, trouva finalement sa case et mit un peu pêle-mêle ses choses dedans.
Elle a son style, notre Mymy. Elle plait ou elle ne plait pas. Pour aller avec sa tuque, elle porte un jeans noir, assez serré, et un t-shirt rose. Un petit coup de crayon noir très léger autour des yeux et le tour est joué. L'est jolie, pour sûr. Elle ne manque de rien, la nature l'a assez gâtée comme ça. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle elle attire autant les mecs.
La poly ressemblait assez à son ancienne, celle où elle allait avant de déménager dans le coin et devoir changer d'école. À croire que c'est presque tout fait pareil ces bâtiments-là. Et c'est toujours le même type d'élèves à l'intérieur. T'as les con/connes, les normaux, et les rejets. Elle s'habituerait assez vite.

Samuel referma sa case et soupira en voyant un mec accoté à côté.
-M'alors, vieux. Dis-moi la vérité.
Il connaissait ce type. Charlie quelque chose, directeur du journal à potins de la polyvalente.
-Je veux tout savoir. Le nom de tes parents. Où tu es né. Quelle langue tu parles - hey, après tout, on sait même pas si tu nous comprends, tu nous réponds jamais ! Tu as des bonnes notes à l'école ?
Il observa le peu qu'il voyait du visage de Samuel et soupira, en baissant la tête.
-Tu sais, moi, tout ce que je veux, c'est mieux te comprendre, vieux...
Samuel secoua la tête. Si ce type pensait qu'il allait l'avoir par les sentiments...
Il mit son sac sur ses épaules et partit vers son cours de français, laissant en plan le journaliste en herbe.

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Dans la tête de Mymy, c'était déjà tout noté. Échec de toutes tentatives de communication avec le gars par les autres élèves qui l'entourèrent. Ça commençait bien... Au moins, ça expliquait pourquoi tout à son sujet était si mystérieux ! Il n'ouvrait jamais la bouche ! C'était à se demander s'il savait encore parler...
Elle s'avança à sa suite vers le local de français, parce qu'elle avait le même cours, et aussi parce qu'en le suivant, elle pouvait retrouver la classe sans avoir l'air idiote et perdue.
Il évitait tout le monde, c'était évident. Il n'avait eu aucune réaction lorsqu'elle lui avait foncé dedans. La question était cependant, comment le faire parler ? Il était assez mignon, enfin, la seule partie de son visage qui était visible l'était. Il avait son style, à vrai dire. Mais ce n'était pas tant ça qui la poussait à aller vers lui.
Elle était rendue tout juste derrière lui à l'entrée de la classe de français. Son regard était rivé dans son dos, et elle réfléchissait à toute allure. On lui avait déjà dit qu'il rentrait à pied, le soir, et que personne ne savait où il allait. Le suivre ? C'était une option...

Samuel s'assit à sa place habituelle, sans vraiment jeter de coup d'oeil à cette nouvelle qui le suivait. Il s'en foutait un peu. Les princesses de la polyvalente n'avait jamais vraiment osé lui parler, par peur qu'il les agresse, peut-être.
Il ouvrit ses cahiers mais n'y porta pas vraiment attention. Il se mit à dessiner dans son agenda, la tête totalement ailleurs.

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Elle observa tranquillement la classe pendant une fraction de seconde. Le fond était dédié aux idiots et petits rigolo de la classe, elle le remarqua tout de suite. Ceux qui y étaient assit chahutaient déjà. En avant, quelques petits intellos à lunettes le nez plongé dans leurs livres. Et au milieu... Bah, le reste des gens. Elle alla s'installer tout juste à côté de la fenêtre pour pouvoir regarder à l'extérieur et s'évader mentalement de cette salle de classe.
IL était assit non loin d'elle, mais légèrement plus en avant. Elle pouvait l'observer plus facilement sans risquer d'être vue. Déjà à la première journée, un nouveau défi ! C'était amusant. Sauf que ce défi-là risquait d'être long à réaliser, ouais.
Et alors que tout les gars de la classe avaient les yeux sur elle, elle ne fixait que Samuel avec un léger sourire en coin.
La prof commença son cours comme tout les profs commencent leurs cours dans toutes les écoles. Du bla bla inutile, des notes à prendre, de la matière balancée à la tête des élèves qui doivent tout apprendre. C'est la même chose partout. C'est plate partout. Et comme toujours, il y a quelqu'un dans le fond de la classe qui fini par s'endormir en espérant que ce soit discret et que le prof ne le remarque pas.

Samuel ne regardait définitivement pas en avant. Durant le cours en entier, il gribouilla sur son cahier. Quand la cloche sonna, il ne fit que replier ses choses, les mettre dans son sac, mettre son sac sur ses épaules et partir.
Et il en fit ainsi à chaque période de la journée. À la fin de l'école, il mit son sac sur ses épaules, sortit et s'en alla à pied vers la partie sud de la ville : totalement à l'opposée de son supposé quartier.

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En le voyant partir, Mymy se dépêcha un peu plus pour arriver à le suivre sans le perdre de vue, mais sans se faire remarquer non plus. En le voyant partir vers le sud, elle poussa un discret soupir; heureusement qu'elle n'avait pas d'heure pour rentrer chez elle, car décidément, ils partaient dans le sens opposé. Au moins, si elle découvrait quelque chose, elle n'aurait pas fait ce trajet pour rien ! C'est pourquoi elle le suivit, fixant son dos au loin, plusieurs mètres devant, les écouteurs de son iPod dans les oreilles, faisant comme en réalité elle avait à aller dans cette direction. Il restait seulement à espérer qu'il ne se pose pas de questions. De toute façon, même s'il s'en posait, il ne les lui poserait sûrement pas directement à elle !

Samuel marcha ainsi une dizaine de minutes puis arriva à un petit café. Il n'était pas fréquenté des autres élèves de la polyvalente, car ce n'était pas assez énergique pour eux : il s'agissait presque d'une bibliothèque dans une pâtisserie. Les tables étaient placées en rond et au centre se trouvait une scène. À l'entrée, le comptoir, où travaillait un autre jeune de la ville, provenant du seul collège privé de la région. Il était quand même assez mignon : cheveux bouclés, lunettes, air studieux...
Il salua Samuel à l'entrée. Celui-ci lui rendit en un signe de tête. Il s'en alla derrière le comptoir, dans la salle réservée aux employés.
Sur le tablier brun du type derrière le comptoir, on pouvait lire :
«Bonjour, je suis THIERRY»

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Rendue devant le café, elle hésita longuement à entrer. Si elle se retrouvait là, il pourrait sérieusement se poser des questions. Mais en fait... Elle était nouvelle dans le coin. Alors peut-être qu'il croirait qu'elle ignorait que personne ne fréquentait jamais ce petit café, qu'ils préféraient tous aller ailleurs où c'était plus énergique. Il ne connaissait rien d'elle. Il pourrait aussi penser qu'elle était ce genre de personne studieuse, même si au fond, elle n'en avait pas le look...
Finalement, après s'être assurée qu'elle avait un billet de cinq dollars dans ses poches, elle s'autorisa à pousser la porte et aller s'installer à une table. Elle pourrait prendre un petit café, ou quelque chose comme ça...
Pour faire plus crédible, elle sortit de son sac le devoir de français. Déjà un texte à composer pour la fin de la semaine. Son crayon en main, elle fit mine de commencer à réfléchir en regardant régulièrement en direction du comptoir.

Thierry l'observa un instant. Il discuta avec un autre type qui venait d'arriver au comptoir puis se leva et alla s'asseoir en face de Mymy.
-Hey, ma douce, j'ai l'impression que tu me mates sans cesse, je me trompe ?
Il avait un accent français très fort.
Il le dit cependant avec un grand sourire.

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Mymy haussa d'abord les sourcils, puis laissa échapper un léger rire et rendit son sourire au jeune homme. Il avait l'air gentil.
- Mmm... On peut dire ça comme ça.
Elle jeta un petit coup d'oeil à son travail de français même pas commencé, puis reposa les yeux sur le dénommé Thierry.
- Je viens de déménager dans le coin, alors je visite un peu. Je commence à comprendre qu'il n'y a pas grand jeunes qui fréquentent cet endroit... Pourtant, c'est charmant.
Elle décida de voir si elle pouvait soutirer un peu d'information au garçon. Peut-être connaissait-il un peu Samuel ? Cependant, ça ferait étrange de commencer la conversation comme ça, alors elle décida de ne pas poser tout de suite ses questions.

-Vraiment charmant, oui, mais il me semble à première vue que les jeunes de mon âge préfèrent le fast food, plutôt que le café...
Il haussa les épaules.
-Mais je suis bien content que tu sois venue. Tu te diriges vers le bon chemin en venant ici !
Il rit un peu.
-L'élite de la ville vient dans ce café... Mais entre nous, tout y est hors de prix. C'est sans doute pour cela que les jeunes ne fréquentent pas l'endroit.
Il lui sourit à nouveau.

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- Ça pourrait être une des raisons, oui. Bon. Ils ne savent pas ce qu'ils manquent, tant pis pour eux.
Elle sourit. Ce gars la mettait de bonne humeur. Il était sympathique, et de bonne compagnie ! Même si cela faisait... deux minutes qu'ils discutaient. Bah. C'est déjà ça.
- Allez, tant qu'à être ici... Je te prendrais bien un café, moi !
Hors de prix ou pas, elle avait envie d'un café. Et peut-être qu'elle pourrait rester pour vrai et travailler sur ce foutu texte. Manquait que l'inspiration. Qui ne venait pas. Car tout le monde sait que l'inspiration ne vient jamais quand on en a besoin. Seulement après !

Il rit un peu.
-Je t'en apporte un à l'instant.
Il se leva et alla derrière le comptoir.
À cet instant, vêtu comme toujours, Samuel sortit de la salle des employés, une guitare entre les doigts. Il alla s'asseoir au centre de la scène, rapprocha son micro de sa guitare et se mit à jouer une douce mélodie, alors que l'on coupait les hauts-parleurs ded la radio pour n'entendre que le son de sa musique à lui.
Thierry revint avec une tasse de café.

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Mymy le remercia pour le café et porta la tasse à ses lèvres pour prendre une petite gorgée. C'était chaud, c'est pourquoi elle n'y goûta qu'un tout petit peu, avant d'attendre qu'il refroidisse. Soudain, une belle musique s'éleva dans le café. Elle posa les yeux sur Samuel, installé près du micro, qui jouait de la guitare. Mmm... C'était sans doute le bon moment. Elle se tourna alors vers Thierry, et désigna discrètement Samuel d'un geste.
- Hé... Tu sais qui c'est ?
Elle prenait un air... pas désintéressé, mais pas trop intéressée non plus. Disons, entre les deux.

-Mouaip ! C'est Sam. Il vient jouer ici tous les soirs de semaine et la fin de semaine... J'en sais ps vraiment plus, par exemple. Il ne cause pas..... Muet, genre....
Il haussa de nouveau les épaules en souriant.

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- Oui, c'est ce que j'avais entendu dire. On m'a prévenue dès aujourd'hui qu'il ne disait jamais rien.
Elle se demanda un instant comment il faisait. Pour elle... Parler, c'était la meilleure chose qui soit ! Elle parlait tout le temps, avant. Aujourd'hui, moins. Mais elle ne supportait pas bien longtemps le silence total. Allez savoir pourquoi... ! Elle aime ça, parler.
- Il vient ici depuis longtemps ?

Il sembla réfléchir un peu.
-Eh bien... ca fait un an et demi que je travaille ici, et il commencait. Il a pris plusieurs congés, mais sinon il est souvent là... Je crois que c'était un client régulier, avant... Le patron l'a découvert à un concours de talents qu'il avait organisé, ou un truc dans le genre, tu vois....
Il continuait à sourire.

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- Tu as déjà essayé de lui parler ?
Elle souriait en coin en regardant parfois un peu Samuel. Elle était intriguée, c'est certain. Pour le moment, Thierry faisait peu avancer son enquête, mais elle comprenait bien qu'elle ne pouvait pas espérer tout obtenir des autres. Ils en savaient aussi peu qu'elle, ou à peine un peu plus. Un jour où l'autre, elle devrait s'attaquer à Samuel directement.

-Ouais, j'ai essayé... Rien à faire. Il dit le stricte nécessaire, mais bon...
Il haussa les épaules.
-Pourquoi tu t'intéresses autant à lui ? Il te plait ?
Il haussa maintenant les sourcils, surpris.

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En remarquant son air étonné, elle secoua un peu la tête.
- Je ne dirais pas ça comme ça. C'est plutôt... Qu'il m'intrigue. Beaucoup.
Doucement, elle sourit et but une gorgée de son café.
- Les garçons mystérieux, c'est toujours intriguant. Et ça pique à coup sûr ma curiosité.

Thierry se mit à rire.
-Pourquoi tu vas pas lui parler ? Il va peut-être te répondre, à toi...
Après tout, elle n'était pas très laide, se dit-il.